Modernisation de la maquette des Caves Pannier à Château-Thierry

par Mélody Ducastelle, Arnaud Schenkel, Henry-Louis Guillaume, Rudy Ercek, Olivier Debeir, Denis Derycke

Situées dans le Bassin parisien, la ville de Château-Thierry et sa région regorge de nombreuses cavités souterraines. L’une d’entre elle abrite, depuis le début du XXème siècle, les nombreuses bouteilles de champagne des Caves Pannier. Cette remarquable cavité à fait l’objet d’une étude archéologique complète, menée notamment par François Blary dans les années 90.

Historique

Si désormais les caves abritent les bouteilles de Champagne Pannier, il n’en a pas toujours été ainsi. Dès l’époque antique, au tout début de son histoire (fin du Ier siècle – début du IIème), cette cavité fut creusée par l’Homme qui l’utilisait comme carrière de calcaire. D’abord exploitée comme carrière à ciel ouvert, on en extrayait les pierres pour la construction de monuments et plus tardivement (Vème – VIème siècle) pour l’extraction de sarcophages.

La carrière connaîtra ensuite une période de très faible activité, pour ensuite recommencer à être exploitée vers la première moitié du XIIIème siècle. Le fort accroissement économique et démographique provoquera une forte demande en matériaux de construction. C’est fort probablement à cette époque que les carrières à ciel ouvert cèdent la place aux carrières souterraines à piliers tournés, que sont aujourd’hui les caves Pannier. De très nombreuses traces d’outils ont pu être observées dans les caves attestant des techniques employées pour l’extraction des blocs de calcaire.

A la fin du Moyen-Âge, des contraintes foncières ont probablement obligé les carriers à creuser un puits afin d’extraire la pierre en profondeur. Les galeries ont été par la suite progressivement abandonnées à la fin de l’exploitation de l’étage inférieur des carrières par puits. Mais, si l’extraction de pierre ne se pratique plus, de nombreux visiteurs marquent leur passage avec des graffiti. Ceux-ci sont majoritairement des noms, prénoms ou des dates incisés dans la pierre, mais quelques représentations ont également été découvertes à l’instar de l’archer ou le personnage féminin à l’étendard. Cependant, des traces d’extraction de pierre peuvent toujours être démontrées pour le XIXème siècle, grâce aux traces de travail à la lance, typique de cette époque.

C’est au début du XXème siècle que Louis Eugène Pannier, recherchant un endroit pour étendre son domaine près d’Epernay, visite les anciennes carrières. Il y découvre un cadre parfait pour l’élaboration du champagne, et c’est ainsi qu’elles deviendront les Caves Pannier.

Maquette didactique

En septembre 2001, une maquette présentant le réseau initial et actuel des galeries fut élaborée par l’équipe des chercheurs et placées à l’entrée des caves afin de présenter le site au visiteurs. Cette dernière présente le réseau de galeries sous une forme permettant aux guides de montrer aux visiteurs leur futur visite, l’historique du site, mais aussi l’étendue totale des caves qui ne sont pas entièrement accessibles.

 

Malheureusement, cette maquette subit de fortes dégradations à cause de l’humidité ambiante des caves et dû être remplacée après 17 ans à l’entrée de celles-ci. La plateforme PANORAMA de l’Université Libre de Bruxelles a développé une nouvelle maquette, plus moderne, plus didactique avec son jeu de LED et résistant mieux à l’humidité ambiante. Dans un but didactique, il a été décidé d’y ajouter un parcours d’éclairage LED. Il s’agissait de pouvoir montrer aux visiteurs leur parcours à travers les différentes galeries mais également les différentes phases d’exploitation et d’occupation des cavités.
Les périodes illustrées commencent par le XIIIème siècle avec le début de l’exploitation souterraine et l’entrée par bouche de cavage. Ensuite, au XIVème siècle, la carrière est desservie par un puit et s’agrandit ensuite vers le nord. Au début du XVème siècle, c’est vers l’est que se développe l’exploitation de la pierre. Fin du XVème siècle, le niveau supérieur dans les Lambourdes et Vergelés est exploité. Finalement, au XIXème siècle, les derniers traces d’extractions situées vers le nord. Ces différentes périodes, illustrées en fonction d’un jeu de couleurs, ont été définies grâce au travail de terrain de François Blary.

Différentes étapes de création

En premier lieu, le laboratoire AlICe a développé des plans en 3D des caves. Suite à l’élaborations de ces plans, il a été décidé d’une part de séparer la fabrication des éléments de détails (arches, escaliers,…) et celle des galeries; et d’autre part de mettre en avant les galeries effondrée partant du puits (contrairement à la maquette précédente) en les creusant dans le matériaux et en les remblayant de blocs de verre pilé. Au moyen d’imprimantes 3D, des arches ont été créées afin de reproduire celles existantes.

 

Grâce à une fraiseuse numérique, le réseau des galeries a été creusé dans des plaques de POM C, sélectionnés pour ses propriétés de transparence et de résistance à l’humidité.

La maquette contient au total 628 leds RGB qui permettent de mettre en avant des circuits de visite, des points d’intérêt ainsi que l’histoire des caves de Château-Thierry. Un microcontrôleur gère l’ensemble de ces leds qui peut être contrôlé via Smartphone. Ce réseau a été conçu par le LISA.

La maquette finie a ensuite été transportée jusqu’à Château-Thierry, aux Caves Pannier, où elle a été mise en place par l’équipe.