Acquisition photogrammétrique et scanner FARO 350 sur le site de l’abbaye de Preuilly, Seine-et-Marne

par Melody Ducastelle, Benjamin Van Nieuwenhove, Henry-Louis Guillaume et Arnaud Schenkel

L’abbaye cistercienne de Preuilly, la cinquième abbaye créée à la suite des “filles” de Cîteaux fut fondée en 1118. Suite à la révolution française, la communauté composée des dix derniers religieux est dissoute et dispersée le 25 novembre 1790 ; le domaine est ensuite morcelé puis vendu. Monsieur Henri-Marie Husson rachète une partie du domaine en 1829 et poursuit le rachat des différentes parties jusqu’en 1842. Son fils, Georges, achète la dernière partie, le logis abbatial, en 1866. Les démolitions sont stoppées et la famille s’attache désormais à sauvegarder les vestiges de l’ancienne propriété.

Ce site présente un grand intérêt archéologique, car il possède des bâtiments médiévaux encore en élévation, dont la Grange de Beauvais. Cette dernière fait actuellement l’objet d’une étude archéologique menée par François Blary, afin d’en apprendre plus sur les bâtiments économiques des abbayes cisterciennes.

Photogrammétrie au drone

L’extérieur de la grange de Beauvais a été entièrement photographiée avec un drone Parrot Anafi (380 grammes). Au vue de la hauteur de la grange, il était impossible d’effectuer une couverture complète avec les méthodes de photogrammétrie terrestres. Un total de 8 vols, d’environ 25 minutes, à un mètre de distance de la grange, a été nécessaire afin de prendre l’intégralité des photos du bâtiment.

Un lot de 2235 photos a ensuite été post-traité pour réaliser une reconstruction 3D. Ces photos ont tout d’abord subit une correction colorimétrique, des rectifications optiques ainsi qu’un delighting pour d’obtenir des images nettes et présentant une luminosité normalisée. Toutes les photos ainsi post-traitées ont pu être utilisées dans un programme de projection photogrammétrique 3D. La méthode d’acquisition s’est axée sur la précision et il en découle un nuage de point dense permettant d’infirmer ou de confirmer des théories archéologiques. Au vue de la quantité de données, le travail de vulgarisation et le travail des textures est toujours en cours.

Scanner

Les acquisitions de l’intérieur de la grange ont été réalisées à l’aide d’un scanner FARO S-350. Un total de 77 scans a été effectué sur place pour l’obtention un rendu le plus complet possible des différentes parties internes de la grange, mais aussi de l’extérieur afin de réaliser les interconnexions entre les différentes pièces. Ces scans ont également permis une reconstruction du premier étage de la grange et de la charpente, difficilement accessibles à cause de leur fragilité. Chaque intérieur de pièce a ensuite été reconstruit en 3D à partir de l’ensemble recalé des scans, dans un programme spécialement adapté.

L’intérieur de la grange

Le rez de chaussée de la grange à, quant à lui été entièrement prit en photogrammétrie. Les neuf pièces ont été méthodiquement photographiées dans leur ensemble, du sol au plafond, afin de pouvoir, par la suite, produire un modèle 3D de l’ensemble des pièces.

Le géo-référencement au Leica TS16

Afin de pouvoir situer nos acquisitions correctement dans l’espace, un système de géo référencement a été mît en place en Lambert 93 avec GPS.

Un relevé topographique de l’intérieur de la grange a été réalisé pour créer un modèle filaire 3D du bâtiment.

La reconstruction

Après avoir traité séparément les photos acquisent par le drone et le nuage de point du scanner, les deux résultats ont été assemblés en un modèle 3D intégral de la grange : intérieur et extérieur.

La conjonction de ces deux techniques a permis de réaliser un modèle complet, malgré les contraintes que présentaient le bâtiment, tant par sa hauteur, son inaccessibilité de certaines parties, que la luminosité intérieure des salles.

Veuillez cliquer sur l’image pour accéder au modèle interactif

Cette reconstruction 3D permettra finalement aux archéologues de pouvoir travailler sur différentes parties de la grange, notamment les murs, à partir du nuage de points dense, mais aussi de reconstituer des pièces dans leur état originel en enlevant des élévations et en rassemblant ces pièces.

Les mêmes méthodes d’acquisition ont été utilisées pour reconstituer l’église abbatiale : les résultats sont toujours en cours de traitement.